Mois : juillet 2021

En 2021, le programme Mobili’Play, animé par la Turbine.coop pour le Département de l’Isère et Citiway, se penche sur cette question : Comment le numérique et des données peuvent améliorer les conditions de déplacement des personnes vers l’emploi ? Ce sujet était au cœur du marathon créatif Mobili’Play qui s’est tenu du 20 mai au 10 juin 2021, à raison d’une matinée par semaine, à distance. 4 équipes, constituées de professionnels de l’insertion du territoire Isérois, d’acteurs des mobilités et de designers se sont attelées à imaginer des solutions nouvelles à 3 défis. Retour sur cet événement en ligne !

De la résidence au marathon créatif

Le format marathon créatif « en ligne » n’était pas notre premier choix, vous vous en doutez. Nous aurions sans doute pour la plupart d’entre nous préféré des temps physiques de rencontres, d’échanges et de coproduction. Nous envisagions au départ une « résidence créative » de 2 ou 3 jours, rassemblant physiquement, à la Turbine.coop, des acteurs de l’insertion, des mobilité, des designers. Nous imaginions un rapide temps d’immersion, suivi de temps d’échange et de travail par équipe, auxquels auraient succédé des temps de partage plus conviviaux… et une restitution finale plus ouverte. Nous avions les espaces, des outils, l’équipe de la Turbine.coop mobilisée pour animer… mais les conditions sanitaires n’étaient pas au rendez-vous.

En février, nous avons décidé de changer notre fusil d’épaule : puisque la situation sanitaire ne s’annonçait pas meilleure à court terme et que planaient trop d’incertitudes sur le printemps à venir, nous avons commencé à envisager un scénario alternatif, à distance.

Les temps et formats en ligne ne peuvent être les mêmes que ceux en présentiel, c’est un fait. On ne pouvait par exemple pas imaginer mobiliser des professionnels de l’insertion, des mobilités, des designers, pendant 3 jours, entièrement en ligne. Après un an de COVID-19, nous avons largement entendu parlé ou directement la « Zoom-fatigue » ; difficile de demander une attention soutenue en ligne sur une longue durée, pour une journée entière… Nous avons donc décidé de découpler les temps de travail : il n’y aurait donc pas une résidence de 3 jours, mais bel et bien un « marathon créatif », réparti sur 4 semaines, à raison d’une matinée d’échange en ligne par semaine. Appuyés par Arthur Schmitt, designer à la longue expérience en la matière, nous avons construit des séances pas à pas, minute par minute. Une séance d’échange et de coproduction en ligne s’organise également différemment d’une telle séance physique : elle nécessite un rythme maîtrisé, une alternance de temps de travail et de respiration, des temps plutôt courts et dynamiques, mais aussi un outillage savamment réfléchi, une animation soutenue… et laisse moins de place à l’improvisation ou aux échanges informels !

Organiser un marathon créatif en ligne, un défi en soi !

Défi n°1 : la mobilisation

Comme nous l’aurions fait pour un événement présentiel, nous avons mobilisé un ensemble de participants, professionnels de l’insertion et des mobilités du territoire et designers. La mobilisation en temps Covid est néanmoins loin d’être facile ! Les agendas sont bouleversés par des périodes de confinement (dont au moins d’avril) qui alternent avec des phases de redémarrage brutal de l’activité, comme cela a pu être le cas en mai-juin, le tout dans un contexte d’incertitude pour tout le monde… plus d’une vingtaine de participants motivés et aux profils complémentaires ont in fine participé à la résidence (sans compter des « référents » mobilité, insertion ou techniques, mobilisés faire des retours et aiguiller les avancées des participants au fil de l’eau, ou encore les membres du jury final), répartis en 4 équipes. La mobilisation en amont mais aussi durant le marathon (4 semaines durant lesquelles les participants doivent restés motivés et garder leur projet en tête) est un vrai challenge.

Défi n°2 : l’outillage

Pour cette expérience de format créatif « long », nous avons construit des méthodes et supports d’animation, mais rien n’aurait été possible sans de solides outils en ligne. La tentation a été forte de multiplier les outils… mais nous avons finalement choisi de mobiliser 4 outils :

• un outil de visioconférence, indispensable pour les temps de présentation et d’échange en plénière, mais aussi pour les temps d’échange et de coproduction en équipe (nous utilisons l’outil libre BigBlueButton)

• un outil de travail collaboratif, véritable tableau blanc numérique, sur lequel nous avons construit des supports visant à accompagner la réflexion des participants, des idées au maquettage de leur projet (notre choix s’est porté sur Mural)

• un wiki, permettant de retrouver un ensemble de ressources sur le sujet mobilité pour l’insertion (ressources documentaires, benchmark construit par nos soins, participants…) ainsi que les liens vers les autres outils ou espace du marathon créatif (Notion).

• Un Padlet, enfin, était à la libre disposition des participants pour rassembler ou partager des ressources, des idées, des visuels, etc. Ce dernier outil a été le moins utilisé.

Bien sûr, il ne s’agissait pas de laisser les participants livrés à eux-mêmes, bien au contraire ; un animateur par équipe, appuyé par un designer, était chargé d’accompagner les participants des premières idées répondant aux défis aux maquettes et à la présentation finale, au cours de séances bien définies : idéation, de l’idée à la scénarisation, de la scénarisation aux premières maquettes, sprint final et présentation à un jury.

Au final, 4 beaux projets ont été imaginés et maquettés par les équipes !

Défi n°3 : temps prévu… et imprévus

De là à dire que l’organisation d’un marathon créatif de ce genre est facile, il y a un pas que nous n’oserons pas franchir.

L’organisation d’un tel format est chronophage, de la mobilisation, à la constitution de l’outillage et de la base de ressources, jusqu’à celle des méthodes d’animation, en passant par la mobilisation et les relations avec les participants (souvent en session, mais également souvent asynchrones, pour des questions techniques ou d’indisponibilité). Cela l’est peut être moins lorsque l’on a déjà l’expérience de conduire régulièrement ce genre de format, mais cela nécessite dans tout les cas systématiquement un vrai travail pour réadapter méthodes, ressources et supports.

Autre constat : après près d’un an de situation sanitaire dégradée et de travail à distance devenu pour beaucoup une habitude… les problèmes techniques subsistent ! Difficultés de connexion (tout le Département n’est pas couvert également…), d’utilisation de certains outils (bloqués par les systèmes de sécurité de certaines organisations, et ce malgré les tests effectués en amont), matériel inadéquat (mauvais son ou micro…). Ce qui conduit parfois certains participants… à un vrai système D ! Son via le smartphone, supports de travail via l’ordinateur… tout est bon pour pouvoir participer.

S’adapter à la situation sanitaire… en espérant retrouver le présentiel !

L’expérience semble avoir été très satisfaisante pour la plupart des participants (même si on souhaiterait plus de temps tout en ayant une disponibilité limitée, on aurait aimé échanger librement plus longtemps, en vrai…). Elle a sans doute été formatrice pour eux comme pour les équipes de la Turbine.coop, du Département et de Cityway. Mais ils sont sans doute, comme beaucoup, pressés de retrouver des formats présentiels, qui restent tout de même plus conviviaux, adaptés aux échanges informels (importants, quand comme lors de ce marathon, on réunit des participants de différents horizons) et à la coproduction !

 !

En 2021, le programme Mobili’Play, animé par la Turbine.coop pour le Département de l’Isère et Citiway, se penche sur cette question : Comment le numérique et des données peuvent améliorer les conditions de déplacement des personnes vers l’emploi ?

Ce sujet était au cœur du marathon créatif Mobili’Play qui s’est tenu du 20 mai au 10 juin 2021, à raison d’une matinée par semaine, à distance. 4 équipes, constituées de professionnels de l’insertion du territoire Isérois, d’acteurs des mobilités et de designers se sont attelées à imaginer des solutions nouvelles à 3 défis :

1. Adapter l’info transport aux besoins des acteurs de l’insertion (ou la rendre plus accessibles)

2. Faire bouger les représentations (notamment) du territoire pour lever les barrières mentales aux déplacements

3. Faciliter le recours au covoiturage

Comment ça s’est passé concrètement ?

Faute de conditions sanitaires favorables, le marathon s’est déroulé à distance. Une certaine logistique, mais aussi des matinées cadencées pour maintenir le rythme, des outils et une animation en ligne : des conditions pas entièrement satisfaisantes, mais qui ont permis au Marathon de se tenir sans trop d’encombres !

Concrètement, le programme a articulé un temps d’idéation, un premier temps de scénarisation de l’outil retenu, un second temps de scénarisation et de maquettage, puis un temps de finalisation de la maquette et de la présentation de l’outil, clôturée par la présentation à un jury.

4 Projets ont été imaginés et maquettés, par des équipes motivées jusqu’au bout. Un de ces projets sera prochainement sélectionné par le département et Cityway pour être prototypé.

Les projets du marathon créatif

1. MonBonPlan 

A chaque usager son parcours mobilité

Visant à répondre aux besoins des conseillers insertion d’être outillés au cas par cas, pour répondre à des situations de mobilité très spécifiques selon les personnes accompagnées, MonBonPlan est un outil numérique destiné à ces professionnels.

MonBonPlan est un service d’aide à la compréhension spatiale et géographique, qui permet d’informer à la fois de manière globale et personnalisée sur les modes de mobilités disponibles pour se rendre d’un point A à un point B. Il est utilisé par les conseillers insertion, en dialogue avec les personnes en insertion qu’ils accompagnent, lors de rendez-vous. Il comprend deux services, un index de plans d’accès (Zoom+) et un outil d’accompagnement de la création de parcours sur mesure, étape par étape.

• Zoom+ : Présenter et discuter des options mobilité pour se rendre sur un site dédié (Zone d’activités, SIAE, Centres de formation, hub de mobilité…), grâce à un ensemble de plans d’accès vers des sites ou zones clés ou récurrents de l’insertion, montrant les différentes options de mobilité possibles. Le conseiller peut jongler avec les options mobilités en fonction des possibilités de déplacement de la personne, ou en masquer certaines grâce à un système de calques.

• Sur Mesure : Appuyer la construction du trajet des usagers accompagnés, étape par étape. L’outil n’intègre pas  de calculateur d’itinéraire, mais il permet de compiler les résultats de recherche d’itinéraires sur des outils existants (Itinisère, Mmobilité). Il propose aussi de s’inspirer de parcours déjà construits par d’autres conseillers, sur des segments proches, afin de constituer une feuille de route adaptée pour le bénéficiaire.

MonBonPlan est utilisable dès lors que les interactions entre un conseiller et la personne qu’il accompagne portent sur des lieux, sites, zones du territoire spécifiques, dans un parcours d’insertion. Il peut aussi être mobilisé pour échanger globalement autour des options existantes de mobilité, c’est donc un outil pédagogique et pratique.

2. MonItiniGo

Rassurer la personne sur sa capacité à faire un trajet

Beaucoup de personnes en insertion refusent une opportunité parce qu’elles craignent le trajet à effectuer. Comment accompagner la personne pour lui faire appréhender concrètement son trajet et la rassurer ? MonItiniGo vise à répondre à ce besoin, qui concerne à la fois les accompagnateurs (conseiller insertion, etc.) et les bénéficiaires.

MonItiniGo est un outil numérique pour préparer ensemble (accompagnateur et bénéficiaire) un trajet menant à une opportunité d’insertion (entretien, formation, structures d’insertion…). Il propose trois grandes fonctions, qui correspondent à trois temps d’utilisation :

• Découvrir et paramétrer son trajet : ensemble devant l’écran, on paramètre son trajet en fonction de ses capacités et on décompose le parcours en étapes illustrées.

• Choisir et ajouter ses repères : l’usager choisit et ajoute des repères visuels et temporels pour indiquer des changements de direction, des correspondances, la destination ….

• Configurer et imprimer son carnet de voyage : l’usager peut quitter l’entretien avec son carnet de voyage personnalisé en format papier (ou pdf)
  

3. Mobiscope

Visualiser sa mobilité réelle et sa mobilité possible pour élargir ses représentations du territoire et ses opportunités d’insertion socio-professionnelle.

Les conseillers insertion ou mobilité manquent aujourd’hui d’outils pour les aider à lever les freins à la mobilité des personnes en parcours d’insertion. Les « diagnostics mobilité », sont par ailleurs des supports peu appropriables par tous, et sont conduits de manières très différentes selon les professionnels.

Ce dont ces conseillers auraient besoin pour répondre à ces limites ? D’une part, un outil leur permettant de donner à voir et à comprendre le territoire en « spatialisant » l’offre de mobilité et d’insertion disponibles dans l’environnement de la personne par une approche visuelle, immersive et implicante. D’autre part d’un outil partagé entre eux et les bénéficiaires, afin de mener un travail en confiance, mais permettant aussi de valoriser la progression de la personne vers une plus grande autonomie.

Mobiscope propose une réponse à ces différents besoins, en permettant à une personne en insertion d’appréhender son terrain d’action connu : ce qu’elle fait déjà ou a déjà fait, puis ce qu’elle pourrait faire demain en mobilisant les solutions de déplacement de son environnement en lien avec ses projets d’insertion socio-professionnelle.

Concrètement, Mobiscope sert d’outil de diagnostic, de dialogue et d’accompagnement des bénéficiaires, en leur permettant de visualiser de manière dynamique :

• ce qu’il connaît du/sur le territoire (lieux trajets, services, outils mobilité) pour faire un diagnostic de ses pratiques et de ses représentations 

• les possibles en lien avec son parcours d’insertion (intérêt pour un secteur d’activité professionnelle, choix d’une formation ) si on augmente/améliore sa mobilité

La Carte est au centre du service : elle permet au bénéficiaire de se projeter tout au long du diagnostic et de l’accompagnement par le conseiller. Elle est en effet un support de dialogue à chaque rencontre avec le conseiller, permettant de consigner la progression, le chemin parcouru par le bénéficiaire… sachant que le domicile est un point de repère toujours visible, nécessaire signe de réassurance !

CoTrièVoit’

Accompagner les publics en insertion professionnelle dans la découverte du covoiturage sur les territoires peu desservis par les transports en commun.

Le covoiturage peut faire partie des solutions de mobilité pour les personnes en insertion ne bénéficiant pas de leur propre véhicule, dans des zones peu desservies par les transports en commun.

Ce n’est pourtant pas toujours une solution facile d’accès, car le paysage de l’offre (plateformes numériques notamment) est éclaté et peu lisible, surtout dans les zones isolées ; il peut par ailleurs être difficile pour les personnes en insertion, qui ont souvent des usages numériques peu développés et pour qui le contact social peut être compliqué. S’il ne prétend pas résoudre tous ces problèmes, le service CoTrièVoit’ propose d’accompagner les publics en insertion professionnelle dans la découverte du covoiturage, dans un premier temps sur le Trièves comme territoire « témoin ».

L’accompagnement et le guichet physique

Depuis un guichet physique, à l’image du guichet à un arrêt de transport pour acheter son ticket, disponible par exemple, à une Maison France Service, la personne sera accompagné.e par son référent insertion CoTrièVoit’ pour trouver un binôme de covoiturage depuis le Trièves, en toute confiance, pour se rendre sur un lieu de travail, de formation ou de rendez-vous professionnel. Elle repartira avec son ticket Cotrievoit’ de covoiturage imprimé, contenant les informations clés pour réaliser son trajet.

Côté conducteur, l’inscription sur le service, afin de densifier l’offre et de faciliter la création de binômes qui fonctionnent ; par rapport aux plateformes de covoiturage « classiques », les conducteurs de CoTrièVoit’ complètent leur profil avec les points d’étapes de leur trajet, la flexibilité de leurs horaires ou de leur trajet, se présentent, etc. La visée étant de rassurer le covoituré.e, et d’établir un binôme stable et une confiance mutuelle.

Les ambassateurs des communautés, pour augmenter l’offre

A l’image de la plateforme régionale Mov’ici (sur lequel CoTrièVoit’ pourrait techniquement s’appuyer dans un premier temps), le service d’exploiter la notion de communautés. La communauté permet avant tout de réunir des personnes ayant un besoin ou un intérêt commun, mais à aussi pour objectif de pallier au manque d’offres de conducteur pouvant résider sur un territoire rural. Chaque communauté créée, serait portée par un ambassadeur, responsable de sa communauté. Si l’offre ne permet pas de couvrir tout ou partie du trajet, l’ambassadeur, ou l’accompagnant insertion pourra facilement repérer les autres communautés  de covoitureurs du territoire, notamment celles qui couvrent tout ou partie des trajets recherchés, afin d’assurer l’entièreté du trajet.

CoTrièVoit’ commence à lever les obstacles à la pratique du covoiturage solidaire en milieu rural, mais ce n’est que le début !